Époque propice aux doutes métaphysiques et aux questionnements existentiels, l’adolescence est particulièrement perméable aux idéologies les plus extrêmes. Le végétalisme joue ainsi habilement sur la culpabilité tardive mais vive du “plus grand prédateur de la planète”, pour le pousser à adopter un régime alimentaire très restrictif. Il s’agit au fond moins de nourriture que d’hygiène morale, la purification de soi passant par le refus de tout “sacrifice” sanglant.
Le véganisme se présente comme un progrès décisif de la civilisation alors qu’il constitue en réalité une régression inquiétante. Comme toute croyance millénariste, il cherche à s’imposer de gré ou de force, personne ne devant ignorer la révélation d’un monde meilleur, pacifié. Ce virage brutal, que des repentis zélés demandent à l’humanité de prendre, est censé la guérir de ses pulsions sauvages, mais le traitement de choc proposé n’est-il pas pire que le mal ? En jetant l’opprobre sur le plaisir innocent de manger, le véganisme nuit en tout cas dangereusement à la santé physique et mentale.